Historique

La municipalité de Saint-Nérée se situe au sud de Saint-Raphaël et au nord de Saint-Damien-de-Buckland. Arrosée par la rivière Abénaquis, dix petits lacs dont le lac Vert, et quelques ruisseaux, elle est sise presque au centre de la MRC de Bellechasse. Le nom qu’on lui donne rappelle la mémoire de Joseph-Nérée Gingras (1825-1893) qui fut curé de Saint-Raphaël et de Saint-Gervais. À la demande d’une quarantaine de cultivateurs, celui-ci contribue à ouvrir la mission de Saint-Nérée qu’il dessert de 1881 à 1883. Celle-ci compte alors une centaine de familles. Le curé Joseph Élie dit Breton prend la relève l’année suivante et ne tarde pas à faire construire une première église selon les plans de l’architecte de renom Georges-Émile Tanguay. On assiste, deux ans plus tard, à l’érection canonique de la paroisse de Saint-Nérée. Elle sera formée à partir de parties des territoires de Saint-Raphaël, Saint-Gervais, Saint-Lazare et d’une augmentation de l’ancienne seigneurie de Saint-Michel. La municipalité homonyme sera constituée en 1887.

Le village de Saint-Nérée a pris forme autour de sa petite église. Il a toutefois subi des transformations à la suite d’un important incendie survenu le 13 juin 1953. La conflagration fit disparaître 17 maisons, quatre magasins, une forge, un garage, le couvent et des granges, laissant sans foyer 24 familles. Cet évènement a profondément marqué la mémoire des habitants de Bellechasse.

Sur le plan institutionnel, les petites écoles de rang, rattachées à la commission scolaire créée en 1883, assurent l’instruction des jeunes. En 1896, les religieuses de Notre-Dame du Perpétuel Secours dispensent un enseignement aux jeunes filles dans un bâtiment à un étage, puis dans un couvent à partir de 1940. Toutefois, on devra en construire un nouveau en 1953 à la suite de l’incendie du village.

Les Néréens ont surtout compté sur l’agriculture. Innovateurs, ils ont fondé une ferme expérimentale en 1938. Celle-ci vise alors l’étude de divers procédés reliés aux engrais, à la culture des céréales et à l’amélioration des pâturages. L’industrie forestière débute grâce à l’initiative du curé Breton, en 1884. Celui-ci fait bâtir un moulin à scie à quelques pas de l’église. Ce moulin, exploité par François Breton, est toujours en activité à la fin des années 1930. Certains cultivateurs trouvent un revenu d’appoint en vendant le bois de leurs terres pour la fabrication de traverses de chemin de fer. Par ailleurs, une filature de laine et une fabrique de chaussettes, exploitées par Nérée Godbout à la même époque, complètent le portrait économique de la localité. Le chemin de fer a favorisé certains échanges puisque, dans les années 1930, on y expédiait du bois et, au début de l’hiver, tout comme à Saint-Malachie, des sapins de Noël. Cette activité a permis la formation d’un petit hameau, celui de Saint-Nérée-Station.

Le territoire de la municipalité comprend également le hameau Lac-Vert. Celui-ci voit naître un camp de Jeunes Explos, en 1969, qui devient trois ans plus tard, un Club des jeunes Écologistes. En outre, l’observatoire Alphonse-Tardif appartenant au Collège de Lévis attire les passionnés d’astronomie depuis 1974.

HÉBERT, Yves. Bellechasse, Québec, Les Éditions GID, 2007,190 p.